Les friches à Robien, une opportunité à saisir. 1. La problématique
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- A la place de l'ancien SDIS, immeuble en construction novembre 2019
- A la place de l'ancien SDIS, immeuble en construction novembre 2019
- Les quartiers de Robien, résidence rue Jules Ferry
- Les jardins d'Ondine, résidence à Robien
- Dans la cour des immeubles Carnot
- La nouvelle résidence boulevard Hoche
- Pour agrandir, cliquer sur l'image. Photo aérienne de Robien dans les années 70. Pas encore de centre des impôts (en haut), pas d'immeubles Carnot (en bas à gauche de l'image). Archives municipales
- Pour agrandir, cliquer sur l'image. Au centre, la rue Jules Ferry. Photo aérienne du quartier dans les années 70. Archives municipales
- Cliquer sur l'image pour l'agrandir. Robien gare sud 1970. Photo archives municipales.
- Cliquer sur l'image pour l'agrandir. Robien rue Jules Ferry 1970. Photo archives municipales.
Un quartier qui a toujours changé
Historique
Pendant longtemps, le quartier de Robien a mixé les entreprises et l’habitat, dans les années 90 les entreprises ont beaucoup disparu. Ces friches urbaines sont, en effet, le résultat d’activités qui, un jour, ne sont plus viables, ne correspondent plus aux usages d’une époque.
Dans le quartier, les friches industrielles ont donc toujours existé car de nombreuses mutations ont eu lieu.
Petit retour en arrière, sur quelques grands projets dans le quartier :
1982 : la C.P.A.M (Caisse Primaire d’Assurance Maladie) s’installe au 106 boulevard Hoche, entre le boulevard Carnot et le boulevard Hoche, à la place des Forges et Laminoirs. Les anciens du quartier se souviennent de l'immense cheminée en brique des forges qui surplombait le quartier de Robien.
1986 : un vaste terrain est utilisé pour la construction de la résidence Abbé Garnier. C'est un ensemble de trois bâtiments (83 logements) avec un grand parking sous-terrain qui se situe rue Abbé Garnier, proche du Pont des Sourds.
1987 : lancement du projet « Le Bigot », à l’emplacement des Établissements Le Bigot, situés à l’angle de la rue Jules Ferry et du boulevard Carnot, avec l’office municipal de HLM. L'Entreprise de Conserveries Porcher frères, dont l'activité était la préparation de plats cuisines au 39 boulevard Carnot, est également concernée.
Cette entreprise avait été immatriculée le 19 mars 1963 .
Les gens du quartier l'appelait "L'usine à petits pois". Un ancien du quartier, Lucien Pally se souvient que "chaque jour, les paysans du coin livraient leurs légumes, en charrettes bien souvent".
1988 : démolition des établissements Le Bigot
1988 : le centre des Impôts est construit rue Abbé Garnier à la place de l’Institut des sourds qui est détruit.
1992 : départ des Établissements Guével (négociant en vin), rue Jules Ferry.
1994 : en novembre, la Mairie visite les terrains disponibles de la rue Jules Ferry. Une opération immobilière est envisagée.
1997 : un immeuble se termine et un autre commence boulevard Hoche
1998 : en novembre, ouverture d’une résidence à l’angle du boulevard Hoche et de la rue Jules Ferry, « Les quartiers de Robien ».
1998 : en fin d’année, démolition des friches du boulevard Carnot. Des constructions sont envisagées à la place du garage Fiat et des HLM sont prévus à la place du garage Lada.
2010 : fin de la construction de la résidence Les jardins de l'Ondine au 2 rue Sergent Béziers de la Fosse. Portail automatique, aménagements paysagers, piscine d'été : les services proposés sont plutôt d'un certain standing mais tout le monde doit pouvoir en profiter. C'est ainsi que trente logements sociaux sont achetés dans cette résidence par Terre et Baie Habitat.
2014 : en octobre, démolition des entrepôts de la SERNAM, le long de la voie ferrée.
2016 : début du projet de 26 logements, sur quatre bâtiments (Le Carré Hoche) au 76 du boulevard Hoche, à la place d’une friche industrielle. Le Carré Hoche comporte de l'habitat social en location (Terre et Baie) et des logements privés.
Les friches, un cadeau?
Il n’est pas certain que les friches soient considérées d’emblée comme un cadeau ! Pour preuve, en juin 1991, dans son journal, le CAR estime que « les friches détériorent l’image de marque du quartier, l’exemple frappant : boulevard Carnot ». Et c’est un fait, tant que la situation se dégrade après l’abandon d’une activité, la friche est vécue comme une dégradation de l’espace commun.
Les bâtiments peuvent même présenter un danger s’ils ne sont plus entretenus. Le CAR tente depuis sa création d’être un interlocuteur de la mairie pour donner son point de vue sur la transformation du quartier. Les propositions sont faites sur chaque dossier l’un après l’autre mais aussi dans le cadre d’une réflexion plus globale sur l’aménagement de tout le quartier.
Alors, dans un premier temps, les friches, c’est une épine dans le pied du quartier !
Mais reconnaissons au C.A.R d'avoir bien vu, qu'à long terme, ces friches représentaient une richesse potentielle.
Les obstacles à la reconversion des friches
Dans un deuxième temps, la reconversion des friches est un moyen pour les collectivités de faire revivre des espaces délaissés. Mais cette reconversion se heurte à de nombreux obstacles :
- Ces friches appartiennent à des propriétaires privés. Certains propriétaires ne souhaitent pas vendre, et c’est leur droit, il y a peu de marge de manœuvre. En cas de vente, la commune peut faire valoir son droit de préemption mais il faut avoir un projet sinon la collectivité peut se retrouver avec des biens dont elle ne peut rien faire.
- Certains sites sont pollués et la dépollution peut être onéreuse. Par exemple les bâtiments du Mt Carmel ont des toitures en fibrociment (amiante) et si on veut les changer, le coût est important. La solution à envisager est de ne toucher à rien mais le problème n'est pas entièrement réglé...
- Les projets semblent en bonne voie et tout à coup prennent du retard comme par exemple dans les bâtiments de l'ancien Service départemental d'incendie et de secours : le permis avait été accordé en 2016 mais la résidence ne sera terminée qu’en 2020. Parfois le projet tombe à l’eau complètement comme pour les friches de l’ancien bâtiment du Tinier-Morin en 2013.
On voit qu'il n'est pas simple de réhabiliter et de dépolluer des friches.
La reconversion des friches dans un Ecoquartier
La labellisation EcoQuartier de Robien change-t-elle la donne ?
Tout à bord, réhabiliter une friche dans un quartier comme Robien, c'est essayer de tenir compte des traces d'une tradition industrielle. Les sites du Mont Carmel et des anciens moulins de Robien posent bien cette question. Quand des bâtiments retiennent l'attention, il faut essayer d'en préserver le caractère. C'est au cas par cas qu'il faut étudier l'intérêt de sauver certains bâtiments et de valoriser ce patrimoine..
Nous avons vu avec le projet d’immeuble sur le site du SDIS (Service départemental d'Incendie et de Secours ) que le groupe Pierreval profitait du label Ecoquartier pour en faire un argument de vente mais que ce n’était en fait qu'un argument publicitaire.
En mai 2018 le CAR avait interpelé les promoteurs pour leur demander comment ils comptaient s’insérer dans cette labellisation. Nous avons pu constater que les promoteurs n’apportaient pas d’attention particulière à la qualité environnementale du bâtiment.
Le cas du tertre Marie Dondaine nous interroge d’une autre manière. Cette friche n’est pas une friche industrielle. Des cabanes ont existé sur ce tertre mais elles ont totalement disparu.
Cet espace a fait l’objet de plusieurs projets d’aménagement pour y construire des lotissements. En 1995, le projet semblait en bonne voie et depuis rien n’a été fait. Résultat, il ne reste qu’un vaste terrain herbeux, assez vallonné et un petit bois.
Les années ont passé et la problématique a changé. A-t-on besoin aujourd’hui de transformer cet espace naturel (mais constructible) pour y implanter quelques maisons ?
Le C.A.R et la municipalité ont cheminé ensemble sur cette question et sont parvenus à la conclusion que ce terrain devait faire l’objet d’une protection et d’un aménagement d’une zone nature.
Le fait d’envisager un projet plus global sur cette zone est aussi une évolution. Aujourd’hui on ne parle plus seulement du tertre mais aussi du devenir des friches industrielles dites du Mont Carmel, des terrains dits des gens du voyage, de la liaison entre cet espace et les autres sites naturels…
Nous avons aussi pointé du doigt la question de l’intervention souhaitable de la municipalité pour créer des cheminements piétons quand un espace s’urbanise dans le quartier. Par exemple nous avons regretté que ne soit pas imposé un cheminement entre la rue Carnot et la rue André Gide.
Le problème pourrait se poser si le garage-station service de la rue Jules Ferry faisait l’objet d’un projet. On peut très bien imaginer un cheminement piéton entre la rue Jules Ferry et la rue Béziers La Fosse.
Le rôle du Comité de quartier
Le rôle du C.A.R est multiple :
-étudier l'histoire de chaque site et la faire connaitre. Il s'agit de transmettre une mémoire.
-interpeler les propriétaires si la friche présente un danger ou des signes d'insalubrité qui nuisent au voisinage.
-demander à la Mairie d'intervenir, si besoin, pour faire respecter le salubrité et la sécurité des lieux qui peuvent se dégrader
-interpeler la Municipalité pour qu'elle fasse valoir son droit de regard sur le devenir de ces friches dans le cadre d'un EcoQuartier (exigences vis à vis des porteurs de projets, emprise pour des cheminements piétonniers..).
-travailler avec la municipalité pour que le devenir de ces friches s'inscrive dans un plan plus global de développement du quartier, et au delà.